mardi 29 mars 2016

Humanités numériques et SIC

Le dernier numéro de la Revue Française des Sciences de l'Information et de la Communication (RFSIC) vient de sortir. Il porte sur les liens entre humanités numériques et Sciences de l'Information et de la Communication. J'ai eu le plaisir de coordonner ce numéro avec Julia Bonnacorsi (Elico) et Valérie Carayol (Mica).

Humanités numériques et SIC

 

Couverture n°8 RFSIC Humanités numériques et Sciences de l'Information et de la Communication


 
« Par ce dossier d’articles, nous avons souhaité ouvrir un espace de discussion sur les articulations entre SIC et humanités numériques, et revisiter ce qu’ont produit de spécifique les SIC sur les questions abordées par les chercheurs se réclamant des humanités numériques. Quels cadres théoriques ont été éprouvés ? Quelles avancées particulières seraient propres aux SIC dans un contexte où la pluridisciplinarité est constitutive des projets identifiés Humanités numériques ? Autrement dit, ce dossier de la Revue Française de Sciences de l’Information et de la Communication ouvre une discussion, qui, nous l’espérons se poursuivra, sur ce que les SIC ont à dire des Humanités numériques tout autant qu’à ce que les Humanités numériques apportent à la réflexion en SIC.
[…] Si l’intention du dossier n’est pas de fabriquer une homogénéité artificielle, des synergies apparaissent et les articles présentent plusieurs points communs. Majoritairement, il s’agit de textes engagés, certains présentant des programmes de recherche et de formation (Vial ; Bigot, Julliard, Mabi ; Mouratidou, Vidal) au carrefour entre SIC et humanités numériques, d’autres articles prenant même la forme d’un véritable plaidoyer voire d’un manifeste pour positionner les SIC dans le tournant du numérique (Cormerais, Le Deuff, Lakel, Pucheu). Ces textes articulent la plupart des interrogations épistomologiques et méthodologiques actuelles ouvertes par le numérique. Tous invitent ainsi à interroger les catégories d’analyse utilisés en SIC (Lebechec, Alloing) à prendre du recul face à cette urgence apparente à faire des « studies » sur tel ou tel objet (à partir d’un calendrier imposé par la recherche anglo-saxonne) (Jahjah), à questionner les outils créés et utilisés pour effectuer la production, le traitement et l’exploitation des données comme dans l’analyse des controverses sociétales sur le web (Bigot, Julliard, Mabi) ou encore à resocialiser les données numériques (Ouakrat et Mésangeau) ».

vendredi 25 mars 2016

Reconnaissance et temporalités : pour un ancrage de ces concepts en SIC

J'ai eu le plaisir d'être invité au séminaire du pôle de recherche Discours, Texte, Espace Public, Société de mon laboratoire de recherche Elliadd, Université de Franche-Comté pour présenter l'ouvrage coordonné avec Valérie Larroche et Marie-France Peyrelong : "Reconnaissance et temporalités. Une approche info-communicationnelle"


Reconnaissance et temporalités : pour un ancrage de ces concepts en SIC



Couverture ouvrage Reconnaissance et temporalités




Cette présentation s'est appuyée sur l'ouvrage collectif Reconnaissance et temporalités : une approche info-communicationnelle (Domenget, Larroche, Peyrelong, 2015) dont l'originalité est justement de proposer une approche info-communicationnelle des relations entre reconnaissance et temporalités. Ces deux concepts ont été jusqu’alors principalement abordés de manière distincte en SIC, même si quelques liens entre reconnaissance et temporalités ont déjà été proposés, notamment avec la notion de visibilité. Le présent ouvrage aborde ces liens sous un nouvel angle temporel, celui de l’épaisseur temporelle.

Cet ancrage théorique a été complétée par un cas d'étude autour des formes de reconnaissance d'expertise sur Twitter, analysées sous l'angle des temporalités. En effet, Une tension apparaît entre la reconnaissance d'expertises basées sur un temps long, un ensemble de compétences constituant une expérience, un renforcement d'évaluations positives sur la durée et l'impératif de visibilité, moteur d'activités de nombreux professionnels sur les médias socionumériques, renvoyant l'expertise à la dimension d'épreuve, basée sur l'urgence, le temps réel et l'immédiateté.

Les formes de reconnaissance d'expertise sur Twitter


Le propos vise à montrer que les formes de reconnaissance d'expertise qui se sont mises en place sur Twitter participent pleinement de la définition de catégories d'experts au sein des professions de la communication mais elles poussent également à l'invisibilité de certains traits identitaires (d'une épaisseur temporelle de l'individu), à la fois dans la durée (moyen, long terme) mais aussi dans l'articulation de temporalités au quotidien (notamment celles qui se jouent au travail et durant le temps libre).


3 modèles d'expertise sur Twitter


- Modèle d'expertise n°1 : l'engagement dans la communauté
Dans ce premier modèle d'expertise, être un expert reconnu par ses pairs, ce n'est pas posséder un savoir particulier sur tel ou tel domaine (cf la définition générale de Castra, 2012) mais c'est avant tout avoir un fort engagement dans la communauté.
Immergé dans le dispositif de communication, occupant une place de relais au sein de la communauté, l'expert de ce modèle mixe les échanges en ligne et les rencontres physiques, en gardant un objectif professionnel aux interactions construites.
Très (trop) prenant d'un point de vue de l'équilibre d'une équation temporelle personnelle (Grossin, 1996), ce modèle fait planer également un risque de burn out et se révèle donc être provisoire, difficilement tenable sur la durée.


- Modèle d'expertise n°2 : la crédibilité
La différence principale avec le premier modèle d'expertise tient à une visée plus large que la seule communauté constituée de pairs. Dans ce second modèle, l'expert cherche à avoir une influence sur une audience plus large, tout en restant clairement définie.
La crédibilité s'est révélée être le critère saillant qui permet d'envisager l'influence d'un expert.
En fait, dans ce modèle, l'expert doit alors être capable de répondre aux attentes d'une instance de reconnaissance, les clients, pour qui les enjeux économiques liés à l'expertise sont devenus essentiels.


- Modèle d'expertise n°3 : l'efficacité
Avec le modèle d'expertise de l'efficacité, nous rentrons dans le domaine de la massification des actions, d'une instrumentalisation poussée très loin de la présence en ligne et d'une conscience forte de l'importance des métriques.
Marqué par une recherche d'efficacité à tout prix, ce modèle d'expertise fait passer du domaine de la communication, avec l'entretien d'une relation, à la diffusion d'une information via un média. Il s'appuie sur une ambition de contagion dont l'objectif est de toucher une audience, cette fois-ci, la plus large possible.
Néanmoins, une limite de ce modèle d'expertise est apparue dans les résultats, à travers une dépendance de l'expert vis-à-vis du dispositif dans lequel s'est construite sa reconnaissance.

mercredi 23 mars 2016

Les figures de l'usager de Twitter

Voici un chapitre d'ouvrage dont j'attendais depuis longtemps la publication. "Les figures de l'usager de Twitter" fait partie de l'ouvrage Publics et TIC.Confrontations conceptuelles et recherches empiriques, sous la direction de Pierre Morelli, Nathalie Pignard-Cheynel et Didier Baltazart.



Les figures de l'usager de Twitter

 

 




Résumé. — L’analyse des figures de l’usager de Twitter représente un enjeu de recherche pour comprendre la construction de ces représentations diverses. L’objectif de cet article est d’analyser la notion d’usager dans le cadre de ce dispositif et d’interroger ses relations avec les notions de public(s), d’audience(s) et de communautés. Les quatre principales figures distinguées (twitto, consommateur, abonné, expert) sont étudiées à partir de deux critères majeurs : les principes de méthode de construction de ces figures (lien social, contribution, représentativité, opinion) et les instances qui en sont à l’origine (les médias de masse, les chercheurs, la plateforme, les usagers eux-mêmes). Ce travail d’analyse des figures de l’usager de Twitter illustre le brouillage des frontières qui étaient établies entre public, usager, audience et communauté et conduit à réaffirmer la valeur heuristique de la notion d’usager.

Mots clés. — Usager, public, figures, représentations, Twitter, médias sociaux.
Extrait.— Les figures de l’usager de Twitter évoquées par différentes instances (les médias de masse, les chercheurs, la plateforme, les usagers eux-mêmes) sont source d’ambiguïté car elles ne distinguent pas clairement les principes de jugement et d’appréciation de ces publics d’usagers (Proulx, 1994 : 150). Régulièrement, les médias de masse mettent en avant une figure de « twitto »1 réagissant sous la forme d’une notification d’humeur à un fait d’actualité politique, sociétal, médiatique, etc., et renvoyant souvent à la dimension de média de diffusion d’informations (Kwak, 2010) en temps réel de Twitter. De leur côté, les chercheurs caractérisent l’évolution de la figure de l’usager à « l’ère numérique », en la recentrant sur celle de consommateur (qu’il soit nommé produser (Bruns, 2008), prosumer (Beaudoin, 2011) ou contributeur (Millerand et al., 2010 ; Proulx, 2011), interrogeant la puissance d’agir d’une « culture de la contribution » face à l’emprise d’un capitalisme informationnel (Proulx, 2011) et marquant la prise en compte de la consommation comme expérience et l’expérience comme usage (Paquienséguy, 2012 : 206-207). Cette figure construite par les chercheurs semble être assez éloignée de celle promue par la plateforme avec la notion d’abonné, évoquant la construction d’un réseau social via le dispositif. Qu’ils soient journalistes, fans de nouvelles technologies ou professionnels du web, les usagers de Twitter mettent en avant l’expert, comme figure emblématique de la plateforme, reconnu notamment dans le cadre du partage d’une veille productive (Desbiey, 2011). L’analyse de ces figures représente un enjeu de recherche pour comprendre les constructions de ces représentations. Elle participe d’une analyse critique des notions abordées permettant d’approcher la complexité des phénomènes étudiés et vise à éclairer la situation sans multiplier inutilement les figures de l’usager construites.
Partant de ce constat, l’objectif principal de cet article est d’analyser la notion d’usager de Twitter en interrogeant ses relations avec les notions de public(s), d’audience(s) et de communautés…


Tableau récapitulatif rassemblant 4 figures de l'usager de Twitter


Domenget J.-C. (2015). Les figures de l'usager de Twitter. Dans Morelli, P., Pignard-Cheynel, N. et Baltazart, D. (dir.). Public et TIC : confrontations conceptuelles et recherches empiriques (p. 159-174), Nancy : Presses Universitaires de Nancy.

lundi 7 mars 2016

séminaire CCM culture du numérique et éthique de la médiation


Le tournant design des humanités numériques

Par Stéphane Vial

Université de Franche-Comté – Jeudi 10 mars 2015 – 14h.
Besançon : salle de visio du bâtiment Bachelier, campus de La Bouloie
Montbéliard : salle de visio de l'UFR-STGI

Le pôle Conception, Création, Médiations (CCM) du laboratoire Elliadd a le plaisir de vous inviter à la séance du séminaire « Cultures du numérique et éthique de la médiation ». Ce séminaire a une double ambition. D’une part, le but est avant tout de parvenir à une problématisation poussée de la « culture (du) numérique » pour permettre de fonder des axes pérennes de réflexion et de recherche. D’autre part et en articulation étroite, la culture numérique sera abordée dans le souci des enjeux éthiques qu’elle suscite dans les différentes médiations qu’elle concerne au sein du champ social.

La séance aura lieu Jeudi 10/03/2016 – 14h-16h : Stéphane Vial, MCF HDR en design et médias numériques à l’Université de Nîmes, chercheur à l’Institut ACTE (en visio-conférence de Limoges avec les sites de Montbéliard et de Besançon) sur le thème : Le tournant design des humanités numériques.
Discutant : Alain Lamboux-Durand


Stéphane Vial :
Docteur en philosophie, habilité à diriger des recherches, Stéphane Vial est maître de conférences en design et médias numériques à l’Université de Nîmes, chercheur à l'Institut ACTE UMR 8218 (Université Paris 1 Sorbonne, CNRS — groupe PROJEKT) et directeur de recherche à l’École Doctorale 583. Il est notamment l'auteur de "L’être et l’écran : comment le numérique change la perception" (PUF, hors collection, 2013) et "Le design" (PUF, coll. “Que sais-je ?”, 2015) et il est le directeur et rédacteur en chef de la revue "Sciences du Design" (PUF).

Au plaisir de vous retrouver nombreux,
Jean-Claude Domenget et Julien Péquignot, coordinateurs du séminaire

mardi 1 mars 2016

Le communicateur bousulé par le numérique - Les cahiers du Resiproc 3

Le communicateur bousculé par le numérique

Quelles compétences à transmettre ?




Cette troisième livraison des Cahiers du RESIPROC invite à renouveler l'approche des métiers du communicateur face à l’essor conjoint du numérique et d’Internet. Elle vise à répondre à un ensemble de questions en apparence simples : un communicateur numérique est-il différent d’un communicateur classique ? Les formations en communication doivent-elles être repensées ? De nouvelles compétences viennent-elles s’ajouter ou se substituer à celles traditionnellement attendues d’un communicateur ? Est-il plus pertinent de qualifier ces métiers par le support qu’ils emploient ou la finalité de communication demeure-t-elle primordiale ? Dans un premier temps, les textes rassemblés analysent comment le communicateur se trouve bousculé par le numérique et dans un second soulèvent la question des compétences à transmettre.

Le numéro est disponible en versions imprimée et numérique à l'adresse suivante : http://pul.uclouvain.be/fr/livre/?GCOI=29303100328080 Vous y trouverez également l'introduction du dossier en libre-accès.
Par la même occasion, les avant-propos des premiers numéros ont été mis à disposition sur le site de l'éditeur : http://pul.uclouvain.be/fr/collections/resiproc/

Cette publication fait suite au colloque "Les métiers de la communication traversés par le numérique", tenu à Bruxelles les 9 et 10 octobre 2014 dont vous trouverez le storify regroupé par Hélène Piment à l'adresse suivante :  https://storify.com/helenepiment/colloque-resiproc-2014-a-bruxelles, ainsi que les enregistrements des interventions : https://www.youtube.com/watch?v=hm_-r61qBC8 (jour 1)https://www.youtube.com/watch?v=HQPSnn9CNeA https://www.youtube.com/watch?v=K99SHRPE5Qc (jour2)

En espérant que cette publication constituera l'occasion pour vous de découvrir cette revue s'intéressant tout autant au phénomène communicationnel en organisation qu'aux enjeux de professionnalisation qui lui sont associés, et au plaisir d'échanger sur le sujet.

Alexandre Coutant (UQAM) et Jean-Claude Domenget (UFC)



Sommaire

  • Avant-propos. Le communicateur bousculé par le numérique : quelles compétences à transmettre ? Alexandre Coutant, Professeur, Université du Québec à Montréal. Domenget Jean-Claude, Maître de conférences, Université de Franche-Comté, ELLIADD
  • L’expertise communicationnelle au prisme de ses instruments.L’exemple de Google Analytics. Thomas Grignon, doctorant, Université Paris IV Sorbonne, Gripic
  • Communication et numérique : entre métiers émergents et discours circulants. Le cas du secteur des télécommunications. Errecart Amaia, Maître de conférences à l’Université Paris 13-Sorbonne Paris Cité, LabSIC
  • L’ « animateur de communauté politique ». Faits, réflexions et hypothèses. Hübner, Lena Alexandra, Doctorante en communication, Université du Québec à Montréal
  • Modèle communicationnel d’un réseau socionumérique d’entreprise. Piment Hélène, Doctorante en Sciences de l’Information et de la Communication, Université Lumière Lyon 2, Elico
  • Community management et métiers émergents du numérique. Une analyse des représentations par l’étude des référentiels du marketing et de la communication. Valérie Larroche, Enseignant-chercheur en sciences de l’information et de la communication, IUT Lyon3, Elico
  • Développer l’approche par compétences dans la réforme 2013 du programme du DUT Communication des Organisations. Comment faire reconnaître l’intégration d’Internet dans ce DUT ? BOBIN Laurent, Consultant Webmarketing, fondateur de Becausse.com Agence Web en Aveyron, Chargé de cours à l’IUT de Rodez. VIDALENC Isabelle, Maître de conférences, Université Toulouse 1 Capitole, IUT de Rodez, Groupe MC2 (Médias, Communication et Culture) de l’IDETCOM
  • La communication organisationnelle et numérique : formation en mutation, profession en construction. Sylvie P. Alemanno, Maître de Conférences-HDR, Université de Nice Sophia-Antipolis
  • Un art de l’information et de la communication ? Antoine Moreau, artiste, maître de conférences, Université de Franche-Comté, Elliadd
  • Le regard des professionnels. L’appel à un laboratoire en sciences sociales par une agence. Le cas de l’agence Publika. David Gracia, chef de projet webmarketing en poste lors de l’étude, Agence Publika, Alexandre Coutant, Professeur, Université de Québec à Montréal.
  • La collaboration entre praticiens et chercheurs. Aurélie Valtat, Digital Strategist, Commission Européenne, Sandrine Roginsky, Professeure, Université catholique de Louvain
  • Biographies des auteurs