mardi 30 novembre 2010

Le sens de l info – A quoi ça sert ? 28/11/2010

Chaque dimanche Michel Polacco s'entretient avec Michel Serres pour commenter un événement de l'actualité de la semaine. Dimanche 28 novembre 2010, le thème évoqué a été : à quoi ça sert ? Tout ce qui est inutile, apparemment, peut-être indispensable lors de situations imprévisibles. Nous alertant sur les dangers des objectifs uniquement à court-terme, seulement utilitaires, Michel Serres apporte une réflexion stimulante sur le savoir, la curiosité, débouchant sur l'enseignement. Le sens de l'info est à écouter ou réécouter en podcast sur le site de France Info.

La figure salvatrice du bricoleur



« A quoi ça sert ? Marque d'une des principales qualités humaines : la curiosité »

« A quoi sert la littérature, la poésie et la culture etc. Ca ne sert à rien en effet et rien autour de nous ne correspond à ça. Il faut être armé pour ce monde-ci, c'est-à-dire, il faut parler anglais et être au courant des nouvelles techniques. Le problème est que les nouvelles technologies sont désuètes rapidement. »

Le bricoleur « il est adroit. Il répare tout, il arrange tout. Comment fait-il ? Il a deux choses :
Premièrement, une boite à outils, complète, adaptée, parfaitement entretenue.
Mais surtout deuxièmement, il a un invraisemblable fouillis de vieux cartons, de boulons à demi rouillés de bois de toute sorte, de cuirs, de ferrailles.
Ce bricoleur tire tel un prestidigitateur, le moment venu, la chose qui va le tirer d'embarras, la solution, tel un miracle. D'où tire-t-il cette solution, de sa réserve chiffonnière. Elle pleine de choses parfaitement inutiles, qui ne servent à rien et qui à un certain moment, est la chose indispensable en cas de pépin ».


Tout peut servir à un moment donné



Parallèle avec bactéries morbides qui mutent à toute vitesse en présence des antibiotiques, d'après la découverte de Miroslav Radman.
« Comment mutent-elles ? On a longtemps pensé qu'elles mutaient de manière aléatoire, inattendue, imprévisible. Et bien non. L'ADN bactérienne est munie, un peu comme un bricoleur, de tas d'objets appelés regulon sos, c'est-à-dire un tas d'objets qui leur permettent en cas mortel de muter à toute vitesse et de s'adapter à la situation .

« La question est de savoir si vous, vous avez à votre disposition un panier de bricoleur, un ensemble de régulon sos, de quoi disposez-vous dans les cas de situation vitale difficile. »

« Est-ce les décideurs disposent-ils de regulons sos autour d'eux, des idées, des pensées assez différenciées, assez disparates, assez inutiles temporairement pour s'adapter à toute vitesse à un événement imprévisible. »

Tout sert à quelque chose peut-être à un moment donné.

Parallèle avec sociétés animalières, du type des fourmis dans lesquelles, il existe des membres qui ne servent à rien.


L'enseignement fournit un bagage



Et l'enseignement dans tout ça ? L'enseignement fournit un bagage.

« Ouvrez votre bagage. Si dans votre bagage, il n'y a que des choses qui vous servent tout de suite, alors vous êtes foutus. Vous êtes condamnés à termes. Vous êtes prêts pour pour 6 mois, 1 an mais pas pour le moyen terme, long terme. »

« La culture, c'est ce qui sert dans des situations imprévisibles. »

Discussion entre patrons des grandes écoles et patrons des entreprises : les seconds disaient, « vous formez des ingénieurs qui ne sont pas formés aux nouvelles technologies ». Changement de programme mais nouvelles technologies rapidement désuètes.

« Il faut avoir dans son tablier, un panier des régulons sos. C'est pour cela que la poésie, la culture servent beaucoup plus qu'on ne le croit et à des situations imprévisibles. »

Aucun commentaire: