Voici
un chapitre d'ouvrage dont j'attendais depuis longtemps la
publication. "Les figures de l'usager de Twitter" fait
partie de l'ouvrage Publics
et TIC.Confrontations conceptuelles et recherches empiriques,
sous la direction de Pierre Morelli, Nathalie Pignard-Cheynel et
Didier Baltazart.
Les figures de l'usager de Twitter
Résumé. — L’analyse
des figures de l’usager de Twitter représente un enjeu de
recherche pour comprendre la construction de ces représentations
diverses. L’objectif de cet article est d’analyser la notion
d’usager dans le cadre de ce dispositif et d’interroger ses
relations avec les notions de public(s), d’audience(s) et de
communautés. Les quatre principales figures distinguées (twitto,
consommateur, abonné, expert) sont étudiées à partir de deux
critères majeurs : les principes de méthode de construction de
ces figures (lien social, contribution, représentativité, opinion)
et les instances qui en sont à l’origine (les médias de masse,
les chercheurs, la plateforme, les usagers eux-mêmes). Ce travail
d’analyse des figures de l’usager de Twitter illustre le
brouillage des frontières qui étaient établies entre public,
usager, audience et communauté et conduit à réaffirmer la valeur
heuristique de la notion d’usager.
Mots
clés. — Usager, public, figures, représentations,
Twitter, médias sociaux.
Extrait.— Les
figures de l’usager de Twitter évoquées par différentes
instances (les médias de masse, les chercheurs, la plateforme, les
usagers eux-mêmes) sont source d’ambiguïté car elles ne
distinguent pas clairement les principes de jugement et
d’appréciation de ces publics d’usagers (Proulx, 1994 :
150). Régulièrement, les médias de masse mettent en avant une
figure de « twitto »1
réagissant sous la forme d’une notification d’humeur à un fait
d’actualité politique, sociétal, médiatique, etc., et renvoyant
souvent à la dimension de média de diffusion d’informations
(Kwak, 2010) en temps réel de Twitter. De leur côté, les
chercheurs caractérisent l’évolution de la figure de l’usager à
« l’ère numérique », en la recentrant sur celle de
consommateur (qu’il soit nommé produser (Bruns, 2008),
prosumer (Beaudoin, 2011) ou contributeur (Millerand et
al., 2010 ; Proulx, 2011), interrogeant la puissance d’agir
d’une « culture de la contribution » face à l’emprise
d’un capitalisme informationnel (Proulx, 2011) et marquant la prise
en compte de la consommation comme expérience et l’expérience
comme usage (Paquienséguy, 2012 : 206-207). Cette figure
construite par les chercheurs semble être assez éloignée de celle
promue par la plateforme avec la notion d’abonné, évoquant la
construction d’un réseau social via le dispositif. Qu’ils
soient journalistes, fans de nouvelles technologies ou professionnels
du web, les usagers de Twitter mettent en avant l’expert, comme
figure emblématique de la plateforme, reconnu notamment dans le
cadre du partage d’une veille productive (Desbiey, 2011). L’analyse
de ces figures représente un enjeu de recherche pour comprendre les
constructions de ces représentations. Elle participe d’une analyse
critique des notions abordées permettant d’approcher la complexité
des phénomènes étudiés et vise à éclairer la situation sans
multiplier inutilement les figures de l’usager construites.
Partant
de ce constat, l’objectif principal de cet article est d’analyser
la notion d’usager de Twitter en interrogeant ses relations avec
les notions de public(s), d’audience(s) et de communautés…
Domenget
J.-C.
(2015).
Les
figures de l'usager de Twitter. Dans Morelli, P., Pignard-Cheynel, N.
et
Baltazart, D. (dir.). Public
et TIC : confrontations conceptuelles et recherches empiriques
(p.
159-174),
Nancy : Presses Universitaires de Nancy.
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