J'ai
eu le plaisir d'être invité au séminaire du pôle de recherche
Discours, Texte, Espace Public, Société de mon laboratoire de
recherche Elliadd, Université de Franche-Comté pour présenter
l'ouvrage coordonné avec Valérie Larroche et Marie-France Peyrelong
: "Reconnaissance
et temporalités. Une approche info-communicationnelle".
Reconnaissance et
temporalités : pour un ancrage de ces concepts en SIC
Cette
présentation s'est
appuyée
sur l'ouvrage collectif Reconnaissance et temporalités : une
approche info-communicationnelle (Domenget, Larroche, Peyrelong,
2015) dont l'originalité est justement de proposer
une approche info-communicationnelle des relations entre
reconnaissance et temporalités. Ces
deux concepts ont été jusqu’alors principalement abordés de
manière distincte en SIC, même si quelques liens entre
reconnaissance et temporalités ont déjà été proposés, notamment
avec la notion de visibilité. Le présent ouvrage aborde ces liens
sous un nouvel angle temporel, celui de l’épaisseur temporelle.
Cet
ancrage théorique a
été
complétée par un cas d'étude autour des formes de reconnaissance
d'expertise sur Twitter, analysées sous l'angle des temporalités.
En effet, Une
tension apparaît entre la reconnaissance d'expertises basées sur un
temps long, un ensemble de compétences constituant une expérience,
un renforcement d'évaluations positives sur la durée et l'impératif
de visibilité, moteur d'activités de nombreux professionnels sur
les médias socionumériques, renvoyant l'expertise à la dimension
d'épreuve, basée sur l'urgence, le temps réel et l'immédiateté.
Les formes de reconnaissance d'expertise sur Twitter
Le
propos vise à
montrer que les
formes de reconnaissance d'expertise qui se sont mises en place sur
Twitter participent pleinement de la définition de catégories
d'experts au sein des professions de la communication mais
elles poussent également à l'invisibilité de certains traits
identitaires (d'une épaisseur temporelle de l'individu), à la fois
dans la durée (moyen, long terme) mais aussi dans l'articulation de
temporalités au quotidien (notamment celles qui se jouent au travail
et durant le temps libre).
-
Modèle d'expertise n°1 : l'engagement dans la communauté
Dans
ce premier modèle d'expertise, être un expert reconnu par ses
pairs, ce n'est pas posséder un savoir particulier sur tel ou tel
domaine (cf la définition générale de Castra, 2012) mais c'est
avant tout avoir un fort engagement dans la communauté.
Immergé
dans le dispositif de communication, occupant une place de relais au
sein de la communauté, l'expert de ce modèle mixe les échanges en
ligne et les rencontres physiques, en gardant un objectif
professionnel aux interactions construites.
Très
(trop) prenant d'un point de vue de l'équilibre d'une équation
temporelle personnelle (Grossin, 1996), ce modèle fait planer
également un risque de burn out et se révèle donc être
provisoire, difficilement tenable sur la durée.
-
Modèle d'expertise n°2 : la crédibilité
La
différence principale avec le premier modèle d'expertise tient à
une visée plus large que la seule communauté constituée de pairs.
Dans ce second modèle, l'expert cherche à avoir une influence sur
une audience plus large, tout en restant clairement définie.
La
crédibilité s'est révélée être le critère saillant qui permet
d'envisager l'influence d'un expert.
En
fait, dans ce modèle, l'expert doit alors être capable de répondre
aux attentes d'une instance de reconnaissance, les clients, pour qui
les enjeux économiques liés à l'expertise sont devenus essentiels.
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Modèle d'expertise n°3 : l'efficacité
Avec
le modèle d'expertise de l'efficacité, nous rentrons dans le
domaine de la massification des actions, d'une instrumentalisation
poussée très loin de la présence en ligne et d'une conscience
forte de l'importance des métriques.
Marqué
par une recherche d'efficacité à tout prix, ce modèle d'expertise
fait passer du domaine de la communication, avec l'entretien d'une
relation, à la diffusion d'une information via un média. Il
s'appuie sur une ambition de contagion dont l'objectif est de toucher
une audience, cette fois-ci, la plus large possible.
Néanmoins,
une limite de ce modèle d'expertise est apparue dans les résultats,
à travers une dépendance de l'expert vis-à-vis du dispositif dans
lequel s'est construite sa reconnaissance.
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